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D

Les truffes des bêtes sont noires
dykes humides quand les bêtes sont bien
dry
quand les bêtes vont mal
tourner dans les champs de dum-dum

et les drèges décollent
s’accrochent au nez fourchu des pics
tombent sur les chemins de laine
bouclés
les drailles crottées de la transhumance

les douves croupies des châteaux d’espace
renferment le sang des moutons nomades
dont le vent doucit le foie et la flamme

et les bêtes mâchent des touffes de fleurs
mordent à la montagne ses joues douces-amères
courent sous l’écho dur des taureaux de pierre
des boues et des neiges qui fouillent les coeurs
des coups de doloire aux mélèzes morts
et roulent à la brune vers l’abri des mères
dolce douces et claires à la nuit voûtée

et les bêtes dorment la truffe mouillée
et les djinns dehors défient le silence
diables ou fées selon leur nature dimorphe
ogres ou graines bleus des suies diamantines

jusqu’à ce que feu
l’ombre quotidienne
se croise à l’éclair de lames éclatées
sur la ligne noire des crêtes engendrées
jusqu’à ce que feu
le jour quotidien
se brouille à la vue du sol enfumé
sous le veston gris des cimes accroupies

jusqu’à ce que je
efface dans l’autre
le diallèle affreux des routines creuses
et la nuit remue les péchés la cendre
les crapauds de l’âtre à l’astre bavant
des salives lourdes et vertes et stériles
qui heurtent en dessous les déprécations
chapelet de faux charmes déponents
de la dame qui chasse les incubes

et les bêtes rêvent à des lits de prés
à la fleur des neiges molles asexuée
à l’état d’avant blanc de la dentine
à l’enfant défunt dans l’homme imbécile
à la denticule hachée du chicot
aux dendrites apyres fétus de mille ans

la mémoire a faim de ses démêlures
et gonfle son sac avec des temps morts
des murs et des masques mous délitescents
et les moutons blancs de la fée transitent
et le matin pue dans les bouches usées
sous les pains d’ordures et les draps rouillés
d’amours déicoles jaunis à la crème
d’asperge agricole égarée sous les
serres et mousses envie de la déhiscence
où les trous de rose écrivent des vies
des crêpes et du sang à la mère promise
le grand dégorgeoir à démographie

la sainte qui aime même ses défets
et tous ses poupards
mauves avec des mares
ocres avec des tâches
bleus dans la brumaille
blancs dans la broussaille
rouges à l’abattoir
boules à la déclive
emportées de l’Etant dans le bec des daraises

ses hommes tous
les fous les mornes
les roux les borgnes
dandins dadais
marins-daphnés et damerets

toutes
madame la femme
madame la fée
madame la mère
les truffes des bêtes sont noires

jeudi 28 avril 1977

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