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GLACES’ BLUES

Il y’a d’la pluie sur mes lunettes
de soleil
c’est le cumulus dans ma tête
qui s’réveille
je n’vois plus bien le ch’min devant
il est de sable ou de ciment
je vais me mettre la gueule parterre
si tu n’viens pas avec l’éclair
pour allumer la nuit si noire
qu’y a même pas d’quoi piquer un phare
c’est une caverne de chauve-souris
qui s’accrochent à mes ch’veux roussis
j’ai envie de pousser des whaaa
mais je m’rends compte que j’n’ai plus d’voix
j’sors mon canif et j’crève leurs yeux
avant de m’retirer des lieux
mais dehors
c’est plus sombre encore
et des hommes me ficellent les mains
j’ai beau leur crier que j’suis sain
ils m’attachent au poteau d’la mort
y’m’fourrent un bâillon dans la gor
j’voulais pourtant pas faire de bruit
et voilà qu’on m’jette aux horties
j’ai l’corps griffé partout le sang
dégouline sur la terre qui sent
la rosée du matin c’est fort
il y’a d’la vie sur mes lunettes
c’est qu’le soleil est dans ma tête
pour m’sécher toutes les plaies qui mouillent
l’espérance des hommes et leurs fouilles
sont pleines d’amour chaud c’est l’amour
qui fait des r’flets sur mes lunettes
qui réchauffe les gens dans leur tête
c’est l’amour

jeudi 13 janvier 1983

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