CHEMIN DE FER
Le train roule son chariot
ses nuques ballottées qui
n’iront pas chez monsieur Guillotin
dans les compartiments surchauffés
les fours itinérants
la chair brille
et pue
le long intestin grêle frémit
grince
s’arrête dans les bouches du Rhône
Lyon Lyon dix minutes d’arrêt
le quai brame et s’ébroue
des millions de valises
de joues vertes et sales
d’espérances fanées
chavirent
la grande promiscuité ferroviaire
se coupe et se recoupe
se défait se refait
s’étrangle et puits
ruisselle
les provinces brouillées
la mitraille aiguillée
une brève une longue
une douce un orage
le temps glisse
la machine gavée de chair et de charbon
file et file avachie jusqu’au butoir idiot
où le jour se fait mal
et les secondes toussent éparpillant les phrases
et la mesure se tait sous les rêves de glace
jeudi 6 juin 1974